Football/Confidences«Quand vous perdez, vous avez 600 000 Luxembourgeois contre vous»
Avant le début des qualifications pour l'Euro 2024, jeudi en Slovaquie, le sélectionneur de l'équipe nationale de football, Luc Holtz, évoque son métier, sa famille et ses envies.
- par
- Nicolas Grellier

Luc Holtz est à la tête du Luxembourg depuis 2010.
Aux murs, le maillot de Sadio Mané côtoie celui de Mario Mutsch, mais c'est une simple affiche de la rencontre France-Luxembourg de 2017 qui tient la vedette juste au-dessus du bureau de Luc Holtz. «Je l’ai récupérée après notre 0-0 à Toulouse et je l’ai fait encadrer», explique le sélectionneur du Grand-Duché. Deux semaines avant de débuter les éliminatoires de l’Euro 2024, jeudi en Slovaquie, l’entraîneur national semblait détendu. «Je prépare tout dans le détail, explique-t-il. Quand ça commence, vous devez passer mille messages que vous ne voulez pas oublier».
Entre des analyses poussées de ses futurs adversaires, l’entraîneur a aussi un œil sur chacun de ses joueurs, en direct, ou le lundi via une application qui compile leurs actions. «Le vendredi, le samedi et le dimanche, je regarde tout ce que je peux en direct. Ma femme n’est pas toujours ravie, mais c’est mon travail», note le technicien, qui peut regarder quinze heures de football par week-end.
Des enfants porte-bonheur
Marié depuis 18 ans, le couple a deux enfants, Colin (13 ans) et Sophie (12 ans), tandis que le père de famille de 53 ans en avait eu deux autres d’une précédente union: Kevin (30 ans) et Cynthia (28 ans). «Mes enfants m’ont encore demandé quand nous allions jouer au Stade de Luxembourg, explique le sélectionneur. Ils adorent venir, ils trouvent l’ambiance extraordinaire». Les petits portent chance à leur papa. Leur seul déplacement à l’étranger était à Toulouse pour ce fameux 0-0.
Au fil de la conversation, le football revient vite sur la table et l’entraîneur reconnaît qu’il est difficile de s’en échapper. Des vacances au ski ou des films «surtout des documentaires inspirés de faits réels» peuvent l'en écarter, mais jamais bien longtemps. «Ma femme porte beaucoup d’importance aux relations familiales et amicales, on reçoit beaucoup d’amis, presque tous externes au football», complète le résident de Bissen.

«Prendre en main un club pro me tenterait»
Le football, l’entraîneur a été baigné dans ses effluves dès le plus jeune âge avec deux parents engagés auprès du club d’Ettelbruck où sa mère, bientôt 80 ans, sert toujours à la buvette les jours de match. Joueur, puis entraîneur pendant presque dix ans à Etzella avant de prendre en main le Luxembourg en 2010, le coach avoue qu’il aimerait retrouver un jour le banc d’un club. «Prendre en main un club professionnel me tenterait, reconnaît Holtz, tout proche de dire «oui» à une offre du Cercle Bruges, en D1 belge, il y a trois ans. «J’ai vraiment songé à accepter, j’en ai discuté avec ma famille. Ma fille Sophie ne voulait pas partir et, à la fin, c’est le papa qui a pris la décision».
La relation qu’il entretient avec son groupe a été un facteur décisif. «J’avais le sentiment que l’équipe pouvait encore progresser et j’ai eu raison», souligne-t-il. La motivation est elle aussi intacte. «Je veux toujours être le meilleur, je veux que chaque entraînement soit le meilleur, que chaque match soit le meilleur», clame Holtz, vidé à la fin de chaque rassemblement. «Les deux jours qui suivent les matches, c’est comme si vous tombiez dans un trou. Physiquement, émotionnellement et psychologiquement vous êtes à plat».
Si les rencontres le hantent encore après quelques jours, le résultat peut changer beaucoup de choses. «Quand vous gagnez, tout le monde veut être votre copain, mais quand vous perdez, vous avez 600 000 Luxembourgeois contre vous», illustre le sélectionneur. Jeudi soir, il tentera de se faire 600 000 amis.

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