JPEERéfugié d’Éthiopie, Yonas Kinde représente le Luxembourg
Arrivé au Luxembourg en 2012 en croyant rejoindre l’Allemagne, le coureur d’origine éthiopienne Yonas Kinde, naturalisé en 2020, a couru pour le Grand-Duché pour la première fois dans une compétition internationale.
- par
- Yannis Bouaraba

Les Jeux des Petits États d'Europe, un épisode de plus, dans la vie d'athlète de Yonas Kinde.
Des haut plateaux du nord de l’Éthiopie à sa première compétition sous le maillot luxembourgeois, que de chemin parcouru par Yonas Kindé. Réfugié politique au Grand-Duché en 2012, l’homme originaire de la région Gondar, se souvient bien des 16 km aller et retour qu’il courait tous les matins pour aller à l’école. «Mes parents me donnaient de l’argent pour le bus mais je l’utilisais pour acheter des bonbons. J’arrivais à l’école en sueur» s'amuse le coureur de 43 ans.
Repéré par son instituteur, dans un pays où les talents de la course à pied sont dénichés à l’école, il rejoint un club de la capitale Addis-Abeba, où il côtoie les plus grandes légendes de la course de fond, Haile Gebresselassie et Kenenisa Bekele, pour ne citer qu’eux. «On les accompagnait dans leurs footing en forêt jusqu’à ce qu’on ne puisse plus les suivre» se souvient-il avec émotion.

Après l’emprisonnement de son frère, militant de l’opposition, il est lui aussi incarcéré trois mois durant pour avoir tenté de mobiliser des soutiens. C’est à sa sortie de prison qu’il décide de rejoindre l’Europe, avec l’Allemagne en tête. Quand son train en provenance des Pays-Bas s’arrête en gare centrale de Luxembourg, Yonas Kinde, est persuadé d’être enfin arrivé en Allemagne.
Hébergé en foyer, ce n’est qu’au bout d’une semaine qu’il se rend compte de son erreur. «Je me suis senti bête, raconte-t-il. Au Luxembourg, Yonas Kinde ne lâche pas sa «drogue», malgré des conditions de vie qui ne permettent pas un entraînement optimal. Dès sa première course, il remporte le semi-marathon de Bekerich, avec un nouveau record de l’épreuve.
Naturalisé fin 2020

Si ses rêves de marcher dans les pas de ses aînés semblent s’évaporer, une décision du Comité international olympique de créer une équipe de réfugiés lui permet de réaliser un rêve, celui de s’aligner sur le marathon des Jeux olympiques de Rio. Son histoire est reprise dans les journaux du monde entier.
Mardi, ce n’est pas sous le maillot de l’équipe des réfugiés, mais celui du Luxembourg qu’il a couru. Quatrième du 10 000 m des JPEE, où il espérait une médaille, il pense n’avoir pas assez récupéré de sa victoire sur le semi-marathon ING, dix jours plus tôt.
Ce qui ne l’a pas empêché de poser fièrement avec le drapeau de son nouveau pays, célébrant la médaille d’argent de son compatriote Bob Bertemes. «Il y aura d’autres courses. Ce n’est que le début de l’histoire».