Crise de la detteRemettre l'UE sur les rails pourrait «aller vite»
Le ministre allemand des Finances a déclaré mardi tabler sur des décisions à même de calmer les investisseurs lors d'un sommet des dirigeants européens, le 9 décembre.

Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, milite pour des changements des traités européens afin de pouvoir traîner en justice les États laissant filer leur dette.
«Cela va être plus rapide que 12 mois, je crois que des décisions seront prises le 9 décembre», a assuré Wolfgang Schäuble. Il se référait notamment aux changements de traités européens voulus par Berlin, qui y voit le moyen de calmer les inquiétudes des marchés en institutionnalisant un renforcement de la discipline budgétaire. L'Allemagne veut des changements «limités» qui créent notamment la possibilité de traduire en justice un État qui laisse filer dette et déficit et de le mettre sous tutelle budgétaire.
«Le plus tôt sera le mieux» pour mettre en œuvre ces changements, a déclaré le ministre, qui a détaillé sa vision des choses: une modification d'un protocole (protocole 14) attaché au traité de Lisbonne, ce qui laisse la possibilité de n'impliquer que les 17 pays de la zone euro. «Et nous allons proposer à chacun des 10 pays (de l'UE) qui ne sont pas dans la zone euro de participer s'il le souhaite», a-t-il ajouté. «Il n'y a pas d'alternative, nous devons changer les structures», a-t-il dit. «Ce n'est pas l'arrogance des Allemands, c'est comme cela», a-t-il poursuivi.
«Nous allons aider les pays qui n'y arrivent pas»
Le patron de la deuxième banque allemande Commerzbank, Martin Blessing, a estimé lors de la même manifestation que des décisions en ce sens des dirigeants européens, début décembre, pouvaient effectivement faire en sorte que «les taux d'intérêts ne grimpent plus», notamment ceux appliqués à la dette italienne. Mais de là à renverser la tendance de ce qu'il a qualifié de «grève» des investisseurs à l'égard des obligations souveraines d'un certain nombre de pays de la zone euro, il y a un grand pas. «Aujourd'hui les investisseurs attendent trois ou quatre trimestres pour voir si la situation s'améliore, le temps de latence devient plus long», a-t-il expliqué.
Or, pendant ce temps, ce sont les partenaires des pays boudés par les investisseurs qui doivent assurer leur financement. Mais «nous allons aider les pays qui n'y arrivent pas», a promis M. Schäuble. «Bien sûr, l'Italie peut y arriver», a-t-il assuré. Il a répété son opposition aux remèdes proposés ces derniers temps avec insistance par beaucoup, une intervention poussée de la Banque centrale européenne (BCE) ou la création d'obligations communes à tous les pays de la zone euro. «Beaucoup pensent qu'en demandant encore et encore, au final nous allons finir par faire ce que nous ne voulons pas faire», a-t-il dit. Mais la stabilité de la monnaie commune, garantie par l'indépendance de la BCE, est la raison d'être de la zone euro, selon lui.
(L'essentiel Online/AFP)