Luxembourg: Sa passion, traquer l'épatant voyage des billets en euros

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LuxembourgSa passion, traquer l'épatant voyage des billets en euros

BETTEMBOURG – Depuis 2002, Claude a encodé 62 673 billets en euros qu'il suit à la trace.

Nicolas Martin
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Nicolas Martin
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Claude espère trouver bientôt de nouveaux passionnés au Grand-Duché.

Claude espère trouver bientôt de nouveaux passionnés au Grand-Duché.

Vincent Lescaut

Vincent Lescaut

Vincent Lescaut

Quand il retire de l’argent à la banque ou veut payer ses courses, Claude est du genre à préférer 30 billets de 5, que trois de 50 euros. Et pour cause: il est traqueur, traqueur de billets. Numéro d’impression, numéro de série: depuis plus de vingt ans, l'homme de 59 ans encode chaque coupure qui lui passe entre les mains, avec l’espoir que l’un des 200 000 membres de la communauté EuroBillTracker, l’ait un jour possédé avant lui à l’autre bout de l’Europe. Ou que l’un de «ses» billets soit retrouvé.

«J’ai commencé en décembre 2002, après avoir lu un petit article dans le magazine Stern, J’ai encodé plusieurs billets et je n’ai jamais arrêté. Cela me passionne», raconte Claude, loupe à la main, qui aime découvrir comment l’argent voyage. Depuis ses débuts, il a déjà encodé 62 673 billets (dont 29 431 de 5 euros et environ 13 000 de dix ou de 20 euros) pour un montant total de 957 775 euros. Ce qui fait de lui, et de loin, le n°1 au Luxembourg et le 470e au niveau international.

«L’argent encodé, n’est pas de l’argent qui m’appartient»

Claude

Pourtant ce résident de la commune de Bettembourg ne roule pas sur l’or et n’a pas de valises de billets à la maison. «L’argent encodé, n’est pas de l’argent qui m’appartient, insiste-t-il. J’échange ces billets avec de la famille, des copains qui sont au courant de ma passion ou via le petit club dont je suis trésorier», explique-t-il. Il lui arrive aussi d’échanger avec des commerces, ravis de récupérer des petites coupures.

La plupart sont des billets de 5 euros, forcément plus suivis que ceux de 500 qui ne sont plus émis. Car le but du jeu est bien de réussir un «hit», tomber sur un billet déjà encodé. Depuis 2002, Claude en a obtenu 381, soit un tous les 164.5 billets. Il ne lui est arrivé qu’à une ou deux reprises qu’un billet soit retrouvé deux fois. L’un de ses meilleurs coups, un billet retrouvé en Finlande à plus de 4 000 km de chez lui, ou un autre en Pologne, où l’Euro n’est pourtant pas utilisé.

Une passion pas toujours comprise

Gogo017, son pseudo en ligne, a toujours été attaché à cette monnaie. «Dans mon travail dans le secteur ferroviaire, j’ai dû voyager beaucoup en Europe. J’ai été très content quand l’Euro a été introduit de ne plus devoir changer de l’argent. J’ai autant de plaisir à retrouver un billet qu’à ce que l’un des miens soient retrouvés». La disparition des guichets dans les banques tend aussi à réduire le nombre d’encodage. Dans certains pays, des passionnés vont de banque en banque pour échanger de l’argent et l’encoder. «Mais les puristes n’aiment pas ça car ce n’est pas le flux normal de l’argent».

Il l’avoue aisément, sa drôle de passion n’est pas toujours comprise. «Au début, ma famille s’est demandé si je n’étais pas un peu fou. Ils voulaient savoir ce que cela pouvait bien m’apporter. Mais maintenant ils sont habitués et me disent «j’ai un nouveau billet pour toi». Des connaissances lui demandent souvent s’il y a quelque chose à gagner si l’on retrouve un billet? «Mais non, c’est gratuit», sourit-il. Si plus de 400 traqueurs sont inscrits au Grand-Duché, les actifs sont rares. En parlant, il espère susciter des vocations dans un petit pays favorable à la circulation de billets de toute l’Europe.

Et si l’argent liquide venait à disparaître? « Si c’est comme ça c’est comme ça je devrai arrêter, mais cela ne m’inquiète pas. Il y a encore beaucoup de gens âgés qui paient en liquide».

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