Guerre en Syrie«Soit Alep sera à nous, soit nous serons défaits»
Plusieurs milliers de combattants rebelles syriens ont lancé jeudi après-midi une attaque décisive pour prendre le contrôle de la métropole d'Alep, a annoncé un de leurs commandants.

«Ce soir, soit Alep sera à nous, soit nous serons défaits», a affirmé Abou Fourat, officier déserteur et l'un des chefs de la brigade rebelle al-Tawhid, la plus importante d'Alep. Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube au nom de la Brigade al-Tawhid, intitulée «Annonce du début de la bataille décisive d'Alep», un homme en civil muni d'un talkie-walkie déclare: «Aujourd'hui, l'attaque contre l'armée du (président syrien Bachar-al) Assad a commencé sur tous les fronts. (...) Si Dieu le permet, la bataille sera décisive aujourd'hui à Alep».
Il donne ensuite des instructions: «Ceux qui sont faits prisonniers, on ne les tue pas, on les désarme et on les livre au Comité de sécurité de la révolution (...) Que chacun se dirige vers sa position». Entouré d'une vingtaine d'hommes le front ceint d'un bandana blanc, armés de kalachnikovs, il lance «comment va le moral?». «On a un moral d'acier. Mahomet, notre leader pour toujours», répondent ses camarades à l'unisson.
Vulnérabilité croissante du régime
Les autorités syriennes ont envoyé jeudi sur les téléphones portables des habitants du pays un SMS intitulé «Game over» («fin de partie») dans lequel l'armée appelle les rebelles à déposer les armes. Selon des habitants de Damas, seuls les abonnés à un forfait mobile ont reçu le message. Dans ce SMS, l'armée syrienne prévient également les insurgés que le compte à rebours de l'expulsion des combattants étrangers a commencé. Le message semble relever de la bataille psychologique menée par le régime du président Bachar el-Assad contre les rebelles mais il y a fort à parier qu'il n'aura aucun effet.
Des Syriens ont déclaré avoir commencé à recevoir ces messages jeudi, au lendemain du double attentat-suicide à la voiture piégée contre le centre de commandement militaire de Damas, revendiqué par l'Armée syrienne libre (ASL). Cette attaque a jeté une lumière crue sur la vulnérabilité croissante du régime face à une insurrection de plus en plus confiante et efficace. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants, de violents combats étaient en cours en début de soirée notamment dans les quartiers d'Izaa et de Seif al-Dawla (sud-ouest), auxquels participent «des centaines de combattants» insurgés. Un peu plus tôt, cette organisation basée en Grande-Bretagne avait fait état de bombardements de l'armée régulière sur les quartiers rebelles de Mayssar et Hanano à Alep, et d'autres localités dans la province.
Alep, capitale économique longtemps restée à l'écart de la contestation, est le théâtre d'une bataille acharnée depuis plus de deux mois. Après avoir effectué une importante percée fin juillet, au début des combats, les rebelles se sont contentés de défendre leurs positions face à la puissance de feu des forces gouvernementales, notamment en raison selon eux du manque de munitions. La ligne de front serpente au cœur de la ville et les deux camps sont engagés dans une guérilla où les tireurs embusqués jouent un rôle important.
(L'essentiel Online/AFP)