Au Luxembourg«Souvent, les femmes font face au choix de retourner chez leur agresseur»
LUXEMBOURG – Les associations féministes se mobilisent, mercredi, sur une série de revendications à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
- par
- Jérôme Wiss

Comme chaque année, une manifestation est organisée ce mercredi 8 mars. Départ prévu à 17h depuis Hamilius.
Le salaire horaire moyen est peut-être devenu (un peu) plus élevé pour les femmes que pour les hommes, au Luxembourg, mais le combat continue, pour les femmes du pays et le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est l'occasion de rappeler un certain nombre de revendications.
C'est ce que fait la JIF, plateforme regroupant les organisations, partis et syndicats luxembourgeois à visée féministe. La JIF organise d'ailleurs, ce mercredi, une manifestation féministe pour marteler les revendications. Le départ du cortège est prévu à 17h depuis Hamilius. Voici les principales revendications listées cette année.
Un meilleur accès au logement
Le problème du logement est général, au Luxembourg, mais il est encore plus aigu pour les femmes, «principalement pour les personnes victimes de violences domestiques», regrette Anik Raskin, chargée de direction du Conseil national des femmes du Luxembourg, membre de la JIF et qui regroupe lui-même une douzaine d'associations. «Souvent, les femmes victimes de violences font face au choix de retourner chez l'agresseur parce qu'elles n'ont pas de logement. Elles sont vulnérables et c'est difficile de trouver un propriétaire qui leur loue quelque chose».
Le choix revient rapidement à se retrouver à la rue ou a retourner chez son abuseur. D'autant que les foyers d'accueil font face à de longues listes d'attente et ne peuvent prendre en charge toutes celles qui en auraient besoin. «Mais c'est une solution d'urgence. Aussitôt que la situation dramatique est réglée, ce serait bien que la victime puisse sortir du foyer pour délester les listes d'attente», et avoir un chez-elle. La JIF aimerait qu'une partie des logements sociaux soit réservée aux personnes vulnérables, dont les femmes sortant de foyers ou les familles monoparentales.

Une meilleure prise en compte des violences
La plateforme a toute une liste de revendications liées aux violences contre les femmes et les filles. «Nous manquons de statistiques sur le sujet», pointe Anik Raskin. Des statistiques qui seraient pourtant utiles pour lutter contre ces violences domestiques.
En outre, le Luxembourg a adopté la convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, mais «la ratification n'est pas top», soupire encore Anik Raskin. «Il manque plein de choses. Par exemple, les violences psychologiques n'ont pas été inclues».
De l'argent pour vivre
Le salaire horaire, c'est bien beau, mais ça ne fait pas tout. La JIF veut ainsi plus de transparence pour l'égalité salariale et une revalorisation des métiers considérés comme surtout «féminins» et qui sont souvent «sous-considérés et sous-payés». La JIF demande d'ailleurs aussi un changement du système de classe d'impôt «qui favorise financièrement les couples mariés au détriment des familles monoparentales».
En effet, environ un enfant sur dix au Luxembourg vit avec un seul de ses parents, la plupart du temps la mère. Et le pays occupe une peu reluisante avant-dernière place européenne sur le risque de pauvreté des familles monoparentales. Côté retraites, ce n'est pas mieux. «Une femme touchera une pension 44% inférieure à celle d'un homme», en moyenne, constate Anik Raskin.
Sur les salaires, les femmes étant six fois plus à temps partiel que les hommes, la situation peut encore être améliorée et la JIF réclame une méthode de calcul qui prenne en compte ces différences. «Si l'on regarde branche par branche, il reste des progrès à faire. Dans le secteur des banques et assurances, on constate qu'il y a encore 23% de différence».
Un meilleur équilibre vie familiale-vie sociale
Au Luxembourg, le congé maternité est de trois mois après la naissance, quand les papas doivent se contenter de 10 jours de congé paternité. La JIF «insiste sur la coparentalité, pour viser un meilleur équilibre» pour en finir avec le vieux schéma qui veut que c'est forcément la femme qui reste à la maison et l'homme qui repart travailler. Il faut donc «donner un congé paternité sérieux pour changer les mentalités», insiste la responsable du CNFL.
La JIF réclame aussi un salaire complet pendant le congé de naissance et des mesures pour un meilleur équilibre entre temps de travail et temps de vie, notamment pour «répartir les tâches domestiques qui reposent encore largement sur les épaules des femmes». Ce qui devra passer par «une réduction du temps de travail», sans baisse de salaire.
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