Tibet: Pékin réprime dans le sang les manifestations

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Tibet: Pékin réprime dans le sang les manifestations

Plusieurs personnes ont été tuées vendredi dans la capitale tibétaine lors de violences et d'échange de coups de feu dans le centre historique de la ville.

Depuis lundi, des moines bouddhistes manifestent au Tibet et dans les régions avoisinantes, où vivent des minorités tibétaines, à l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement de Lhassa qui avait abouti à l'exil du dalaï lama. Vendredi à la mi-journée, plusieurs magasins du marché du Barkhor ont été incendiés, près du célèbre monastère du Jokhang, un site très touristique, selon des témoins.

"On était sur la place vers 13H00 (05H00 GMT), on voyait des drapeaux blancs de manifestants dans la foule, quand les policiers sont arrivés en force et ont fait évacuer", a raconté un touriste français, joint par téléphone. "Le guide a eu peur et nous a demandé de quitter les lieux quand on a vu arriver les camions de policiers", a-t-il poursuivi, expliquant que c'était la "panique".

Coups de feu dans la ville

Citant des témoignages directs de citoyens américains, l'ambassade des États-Unis à Pékin a fait état de coups de feu. Une information confirmée par une touriste étrangère. "Nous avons entendu des coups de feu", a dit cette femme sous couvert de l'anonymat, en précisant qu'elle demeurait dans un hôtel assez central. Selon le centre des urgences médicales de la capitale du Tibet, plusieurs personnes ont été tuées.

L'agence officielle Chine Nouvelle, uniquement dans son service en anglais, a confirmé que des incendies volontaires avaient été provoqués par des violences vendredi à Lhassa, faisant des blessés. Des touristes étrangers ont décrit dans l'après-midi une ville bouclée par les militaires et les forces de l'ordre. "Il y a beaucoup de soldats et de policiers dans le centre de Lhassa, on nous a dit de rester à l'hôtel, on peut rien faire. Ils nous ont demandé de rester à l'hôtel, car il y avait des problèmes dans le centre", a témoigné un touriste allemand.

Inquiétudes internationales

Tous les restaurants et les bars ont été fermés, a-t-il ajouté. Un touriste français a également affirmé que tous les monastères étaient fermés depuis trois jours. "Notre guide nous a prévenus qu'on ne pouvait pas les visiter", a-t-il dit. Une manifestation a également eu lieu vendredi dans une région avoisinante, où vit une minorité tibétaine, dans la ville de Xiahe (nord-ouest de la Chine), siège du plus grand monastère du bouddhisme tibétain en dehors du Tibet.

La Grande-Bretagne a fait part vendredi de son "inquiétude" suite aux informations émanant de Lhassa. "Nous avons fait part de notre inquiétude auprès du ministère chinois des Affaires étrangères et auprès de l'ambassade chinoise à Londres et nous leur demandons des clarifications", a indiqué une porte-parole du Foreign Office.

Dans une déclaration, le prix Nobel de la paix se déclare "profondément préoccupé par la situation au Tibet après les manifestations pacifiques qui se sont déroulées dans plusieurs parties du Tibet au cours des derniers jours y compris à Lhassa". "Ces protestations sont la manifestation d'un profond ressentiment du peuple tibétain vis-à-vis du régime actuel", ajoute-t-il.

"J'appelle donc les responsables chinois à renoncer à l'usage de la force et à mettre fin à ce ressentiment persistant à travers le dialogue avec le peuple tibétain", a déclaré le chef spirituel bouddhiste.

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