Attaques en Russie«Tout cela est fait pour préparer une offensive de Kiev»
Selon des experts, les sabotages qui ont visé des infrastructures de Moscou ces dernières semaines visent clairement à affaiblir les chaînes logistiques de l’armée russe.

Vendredi, une raffinerie de pétrole visée par un drone a pris feu dans la région russe de Krasnodar, près de la Crimée.
Frappes de drones contre des raffineries de pétrole, sabotages ferroviaires: les attaques contre des infrastructures russes se sont multipliées ces dernières semaines, signe, selon des experts, de l’imminence de la grande offensive ukrainienne.
Si Kiev n’a revendiqué aucune de ces actions dénoncées par Moscou comme des «sabotages» ukrainiens d’«une ampleur sans précédent», la plupart semblent clairement viser des chaînes logistiques de l’armée russe dans les régions frontalières de l'Ukraine et en Crimée annexée qui sert de base arrière aux troupes russes.
«Des mesures typiques»
«Tout cela est fait pour préparer une offensive», estime Mykhaïlo Samous, directeur adjoint du Centre des études sur l’armée, la reconversion et le désarmement à Kiev. «Je suis sûr que l’intensité de ces attaques va rapidement augmenter». «Ce sont des mesures typiques pour limiter les capacités des forces armées russes», a commenté auprès de l’AFP un haut responsable ukrainien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. «L’Ukraine ne viole aucunement le droit humanitaire» par ces actions, a-t-il ajouté.
Des installations pétrolières, essentielles pour l’approvisionnement des troupes apparaissent comme cibles prioritaires de ces attaques, le plus souvent effectuées à l’aide de drones. Contrairement aux combats à l’intérieur du pays où les armements occidentaux jouent un rôle primordial, «on utilise essentiellement des armements de fabrication ukrainienne pour frapper la Russie», souligne Mykhaïlo Samous. «Il y a un certain consensus sur la non-utilisation d’armes allemandes, françaises ou américaines contre le territoire russe».
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Longue liste d’incidents
La liste d’incidents s’allonge quasiment tous les jours. Vendredi, une raffinerie de pétrole visée par un drone a pris feu dans la région russe de Krasnodar, près de la Crimée. La veille, des drones ont déjà attaqué cette même installation ainsi qu’une autre raffinerie, dans la région de Rostov, frontalière de l’Ukraine, alors qu’en Crimée, un autre appareil a été abattu près d’une base aérienne russe à Sébastopol.
Dans la nuit de mardi à mercredi, un dépôt de carburant a pris feu dans la région de Rostov. Le week-end dernier, c’était un dépôt de pétrole en Crimée elle-même qui était frappé par une attaque de drones et un bombardement a fait quatre morts dans la région frontalière de Briansk. Également à Briansk, deux trains de marchandises ont déraillé en début de la semaine à la suite d’explosions des voies ferrées.

«La zone d’action de l’armée ukrainienne augmente. C’est la préparation en vue de la libération de la Crimée», et des régions méridionales de Zaporijjia et Kherson, partiellement occupées. «Si on tape Rostov, la logistique s’allonge de plusieurs centaines de kilomètres», souligne Mykhaïlo Samous. Pour un autre expert militaire ukrainien, ces attaques d’impact limité ne sont qu’une tentative de «compenser» l’absence d’armements de longue portée capables de frapper en profondeur de la Russie et que l’Occident refuse à ce stade de livrer à Kiev.
Attaque au drone au Kremlin
Le plus spectaculaire de ces incidents, l’attaque de drones contre le Kremlin mercredi que Moscou affirme avoir déjouée, semble cependant se démarquer des autres attaques. Si la Russie, qui affirme avoir intercepté deux appareils, a aussitôt mis en cause Kiev et son principal allié Washington, des experts ukrainiens et occidentaux ont émis des doutes sur cette hypothèse soulignant que cet incident, quelle que soit sa valeur symbolique, n’avait aucune signification militaire pour l’Ukraine.
«Ces drones ne s’inscrivent pas dans les préparatifs pour l’offensive», estime Mykhaïlo Samous. «Plusieurs indicateurs suggèrent que la frappe a été menée en interne et organisée à dessein», analyse dans la même veine le centre américain Institute for the Study of War.
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