Etats-UnisTrump: «Partout où elle va, les choses tournent mal»
L'ex-ambassadrice Yovanovitch a été attaquée vendredi sur Twitter par Trump alors qu'elle témoignait au Congrès pour l'enquête en destitution du président.

L'ex-ambassadrice américaine à Kiev Marie Yovanovitch a qualifié les messages du président de «très intimidants».
Une passe d'armes à distance, mais en direct, a opposé vendredi Donald Trump et l'ex-ambassadrice américaine à Kiev Marie Yovanovitch, qu'il a violemment attaquée au moment même où elle était entendue au Congrès dans l'enquête en destitution qui le menace. «Partout où Marie Yovanovitch est passée, les choses ont mal tourné», a tweeté le président américain une heure après le début de l'audition télévisée de la diplomate, qu'il a rappelée en urgence à Washington en mai.
«Elle a débuté en Somalie, et regardez comment ça s'est terminé», a-t-il ajouté en référence à ce pays de la Corne de l'Afrique plongé dans le chaos depuis 1991, avant de défendre son «droit absolu» de choisir ses ambassadeurs. «Je ne crois pas avoir de tels pouvoirs, ni à Mogadiscio en Somalie, ni ailleurs», a répondu Mme Yovanovitch, immédiatement appelée à réagir par l'élu démocrate Adam Schiff en charge de l'enquête visant Donald Trump, qui a interrompu son interrogatoire pour lui lire les messages du président. Après un moment de recul, elle a ajouté en pesant ses mots: «c'est très intimidant».
«Intimidation de témoins»
«Certains d'entre nous ici prenons très au sérieux l'intimidation de témoins», a conclu Adam Schiff, laissant entendre que ce chef pourrait aller étayer un éventuel dossier de mise en accusation, «impeachment», contre Donald Trump à la Chambre des représentants. Il s'agit «d'une intimidation de témoins en direct de la part du président des États-Unis», a-t-il martelé ensuite dans les couloirs du Congrès.
«Nous prenons ce type d'intimidation de témoins et d'entrave à l'enquête très au sérieux», a-t-il dit en dénonçant la «campagne de dénigrement» et les «attaques» qui avaient visé la diplomate lorsqu'elle était en poste. Le président a fait preuve d'un «mauvais jugement extraordinaire» en lançant cette salve en pleine audition, a commenté sur les plateaux Kenneth Starr, l'ancien procureur spécial en charge de la procédure de destitution contre Bill Clinton en 1998.
Affaire ukrainienne
Le président américain est dans la tourmente parce qu'il a demandé à son homologue ukrainien, lors d'un échange téléphonique le 25 juillet, d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020. La révélation de cet échange, suite à l'intervention d'un mystérieux lanceur d'alerte, a décidé l'opposition à ouvrir une enquête en destitution contre Donald Trump, accusé d'avoir abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles.
Ce mécanisme, prévu par la Constitution, n'avait jusque-là servi que contre trois présidents de l'Histoire des États-Unis sans qu'aucun ne soit destitué. Richard Nixon avait toutefois démissionné avant d'être démis de ses fonctions pour l'affaire du Watergate. Compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat, qui sera chargé de juger le président, le milliardaire new-yorkais devrait également conserver son poste. Mais sa probable mise en accusation à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, jettera une ombre sur sa campagne de réélection.
(L'essentiel/afp)