Débat en BelgiqueUn atlas de l'Europe à l'humour polémique
Un site dédié à l'enseignement a mis en ligne mardi sur sa page Facebook, une carte remplaçant les noms des pays par les clichés sur leurs habitants. Une carte jugée ouvertement raciste.

Provoquer pour pousser à la réflexion et à la pédagogie. Telle est la démarche défendue par l'artiste belge Sébastien Laurent au moment de la création, en 2012, d'un atlas de l'Europe un peu particulier. En lieu et place des noms des différents pays situés entre l'océan atlantique et l'Oural, l'artiste les a remplacés par des stéréotypes. Des clichés plus ou moins agréables, selon les pays. Alors que les Suédois se voient attribuer la mention «Les bonnasses blondes», les Marocains sont affublés du terme de «racailles», tandis qu'au-dessus de la Pologne est inscrit «Les fours à Juifs en Pologne». Le Luxembourg n'échappe pas à cette règle, avec le qualificatif «Argent sale», tandis que les Français sont localisés par le terme «Bouffeur de grenouilles», les Allemands par le qualificatif de «Boches» et les Belges par celui de «Gaufres».
Une provocation assumée par l'artiste qui a pris une toute autre ampleur mercredi lors de la reprise de cet atlas par le site belge enseignons.be, site dédié à l'éducation. Publiée sur leur page Facebook, la carte est accompagnée d'un commentaire qui a fait réagir bon nombre d'internautes. «Considérant la relative difficulté qu’ont nos élèves à situer les pays européens sur une carte, voici un outil (œuvre de l’artiste S. Laurent) qui devrait faire plaisir à tous nos collègues de géographie. Ne nous remerciez pas, c’est tout naturel».
«Cette carte est une œuvre d’art exposée»
Une mise en ligne contextualisée qui n'a pas été du goût de tout le monde, puisque la principale organisation de lutte contre le racisme en Belgique, le MRAX, est monté au créneau, mercredi soir, assurant que «cette reproduction et banalisation de tous les préjugés et stéréotypes habituels, ne relèvent en rien de l’humour». Jugeant cette publication «inacceptable», le mouvement de défense contre le racisme envisage des poursuites judiciaires si la carte se trouve encore en ligne dans les prochaines heures.
De leur côté, les responsables du site enseignons.be, cités par l'agence Belga, plaident l'approche pédagogique et défendent l'aspect décalé de cette carte. Cela nous a semblé une bonne porte d’entrée pour aborder les questions de stéréotypes et de préjugés. «Nous avons donc publié cette ressource pour nos membres en jouant sur l’humour. Notre objectif n’était pas de choquer, ni d’inciter à la haine ou à la discrimination raciale. Et puis, cette carte est une œuvre d’art exposée dans une galerie. On peut l’analyser en classe comme n’importe quel tract du Front national».
(Jmh/L'essentiel)