KérosèneUn avion se vidange au-dessus de Fontainebleau
Un boeing d'Air France parti dimanche matin d'Orly pour la Guyane, a connu un problème technique qui l'a conduit à vidanger une partie de son carburant au-dessus de l'Île-de-France.

Selon Le Parisien, l'avion a opéré sa vidange de kérosène au-dessus de la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). La compagnie a confirmé la manœuvre, mais pas le lieu. «Le vol AF852 Paris Orly-Cayenne a fait demi-tour suite à un dysfonctionnement moteur au décollage», a déclaré une porte-parole de la compagnie. La porte-parole d'Air France a indiqué que l'appareil avait bien effectué une «vidange carburant en application des procédures», mais n'était «pas en mesure de confirmer» le lieu de cette dernière.
Ce type de vidange est «une mesure exceptionnelle laissée à l'appréciation de l'équipage, mais qui nécessite une autorisation du contrôle aérien. Le but est d'alléger l'appareil» avant qu'il ne se pose, a-t-elle précisé. Selon Le Parisien, qui cite un témoin travaillant dans le secteur aérien, l'appareil a effectué la vidange de carburant au-dessus de la forêt de Fontainebleau. «L'appareil qui volait à moins de 6 000 pieds aurait largué des dizaines de tonnes de kérosène au-dessus de la forêt», assure ce témoin. Le site flightradar24.com, qui suit en temps réel les positions d'avions, montre qu'un boeing d'Air France parti de l'aéroport d'Orly a effectué plusieurs tours au-dessus de la forêt située au sud de Paris avant de gagner Roissy.
Sur «l'espace nature le plus protégé de France»
«Scandaleux que cette procédure soit encore autorisée», a réagi sur Twitter le maire de la ville, Frédéric Valletoux (LR). «La forêt de Fontainebleau, c'est 10 millions visiteurs/an, l'espace naturel le + protégé en FR», a-t-il écrit. L'appareil s'est posé à 11h45 à Roissy et le vol a redécollé avec un avion de remplacement vers 15h30, a dit Air France. «C'est un enjeu de sécurité», a expliqué Eric Prévot, commandant de bord au sein de la compagnie aérienne. Dans de telles circonstances, «le constructeur prévoit de vidanger une partie du carburant pour garantir la sécurité de l’atterrissage, notamment afin de «décélérer l'appareil pour atterrir avec le plus haut niveau de sécurité». «Il est faux de penser que c'est une procédure sauvage.
Elle se fait sous le contrôle exclusif et unique du contrôle aérien. Concrètement, l'équipage demande une autorisation au contrôle aérien, qui décide de la zone et du moment» où la vidange est opérée, a-t-il poursuivi, ajoutant que «cette procédure est définie et approuvée par toute l'industrie du transport aérien: constructeurs, autorités de certification, autorités de tutelle et compagnies aériennes».
(L'essentiel/AFP)
Pourquoi larguer du carburant en plein vol? Après le décollage, «le moteur a ingéré de la gomme d'un pneu de l'avion, ce qui a altéré son fonctionnement», a expliqué un porte-parole d'Air France. Décision est alors prise par le commandant de bord de reposer l'appareil, comme prévu dans une telle situation. Pour un gros porteur venant de décoller vers une destination lointaine, encore chargé de plusieurs dizaines de tonnes de kérosène, la procédure est classique: il faut d'abord larguer une partie du carburant sans quoi l'appareil, trop lourd, risque un éventuel crash à l'atterrissage.
Pourquoi la forêt de Fontainebleau? Ce sont les contrôleurs aériens qui décident où les appareils vont vider leurs réservoirs. «Si l'avion a décollé d'un aéroport proche du littoral, le délestage est réalisé sur un plan d'eau», explique un représentant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). «Si c'est en pleine terre, on va choisir dans la mesure du possible une zone peu peuplée, en campagne, ou en région parisienne, très urbanisée, des zones forestières», ajoute-t-il. La décision est prise en fonction de l'urgence de la situation.
Qu'est-il sorti de l'avion exactement? Lors d'un délestage, «on n'ouvre pas les vannes pour faire couler du kérosène sur la tête des gens», assure le porte-parole de la DGAC. Volant en cercles, l'appareil se décharge du carburant en le rejetant par vaporisation sous forme de fines gouttelettes. «Au contact de la chaleur produite par le soleil, 90% du carburant délesté s'évapore (dans l'atmosphère) et produit de l'eau et du CO2, ce qui est ce qui sort des réacteurs en phase de vol normal», explique-t-il. «Environ 10% du carburant tombe au sol et une bonne partie s'évapore à son contact», ajoute-t-il.
Quel est l'impact sur l'environnement? Le maire de la ville de Fontainebleau s'est indigné. Mais pour la DGAC, une fois l'essentiel du carburant évaporé, il ne reste que «quelques milligrammes (de kérosène) par mètre carré» et l'impact environnemental est «minime». «Entre mettre en place une procédure de délestage et mettre en danger la vie de centaines de passagers, le choix est rapidement fait», relève le représentant de l'institution.