Intermeccanica Murena 429 GTUn break italien qui ne manque pas d'excentricité
Comparée aux autres voitures des années 1960, l'Intermeccanica Murena de 1969 avait l'air de débarquer d'une autre planète.

C'est l'histoire de deux amis fortunés. Un jour, ils ont l'idée de dessiner un break deux portes de luxe. Ils chargent alors le constructeur automobile italien Intermeccanica de mettre en œuvre leur concept et font équiper leur break de chasse à la silhouette excentrique d'un moteur V8 de 7 litres avec une puissance plus que suffisante. Cela a donné naissance à un véhicule de luxe impressionnant.
L'idée de construire le break le plus rapide et le plus luxueux au monde émane de deux Américains: Charles Schwendler et Joseph Vos. Ces deux amis aimaient se rendre en montagne pour faire du ski, mais regrettaient de ne pas avoir de voiture sportive offrant suffisamment de place. Leur Porsche 911 leur offrait le plaisir de conduite, mais ne leur permettait pas de transporter leurs affaires et leur break était suffisamment spacieux, mais pas assez sportif.
Une réponse à leur besoin
Le binôme a donc élaboré les premières esquisses d'un break sportif, qui répondait à leurs besoins. Ils se sont ensuite tournés vers le petit constructeur Intermeccanica, à Turin dont le modèle Italia alliait déjà le design italien à la technologie américaine. Ils ont donc fait appel à l'entrepreneur et directeur Frank Reisner pour la réalisation du projet.
Le quatre places a été présenté au salon automobile de New York en 1969. On raconte qu'Elvis Presley en aurait immédiatement commandé deux exemplaires. Sur la liste des clients auraient également figuré d'illustres noms tels que Sammy Davis Jr., Frank Sinatra et d'autres célébrités. «Motor Trend» écrivait dans le magazine World Automotive Yearbook de 1970: «La Murena GT fait rayonner une aura où «l'argent n'a pas d'importance». C'est la voiture parfaite pour parcourir de longues distances dans la brousse, surtout dans des pays où il n'y a pas de limitation de vitesse».
Plus de puissance qu'il n'en faut
Et elle ne manquait assurément pas de puissance. Avec 4600 tr/minute, le moteur fournissait 280 ch. Mais ce qui est encore plus intéressant est son couple de 650 Nm qui se faisait déjà sentir à partir de 2800 tr/minute. Cela lui donnait plus de puissance qu'il n'en fallait dans n'importe quelle situation. S'il le fallait, le break de chasse était capable d'abattre le 0 à 100 km/h en à peine sept secondes.
Malgré un poids à vide d'à peine plus de 1700 kg, ses données techniques étaient comparables à celles de sportives de chez Ferrari et de chez Lamborghini. En tous cas, la motorisation était suffisante pour assurer une conduite agréable avec le break express de 520 cm de long et 190 cm de large, même s'il n'était sans doute pas le maître des virages avec son empattement de près de trois mètres.
Destinée au marché américain
La contenance du réservoir était de 95 litres et dans le prospectus, on garantissait une autonomie de 725 kilomètres avec un plein, ce qui correspondrait à une consommation de 13,1 litres aux cent. Pour un moteur 7 litres, ce chiffre semble plutôt optimiste.
Rien qu'en raison de sa taille, la GT de luxe de fabrication turinoise ne convenait pas au marché européen, alors qu'elle s'avérait parfaite pour les routes américaines. À l'intérieur, elle présentait un revêtement de cuir fine fleur et la climatisation assurait une fraîcheur permanente dans l'habitacle. La console centrale s'étendait jusqu'aux deux sièges individuels arrière et mettait également un minibar à disposition des passagers.
Seules dix, peut-être onze Murena sont sorties d'usine. Alors quand une GT de cette rareté fait son apparition sur le marché, l'excitation est grande, comme c'était le cas aux enchères de RM Sotheby's à Palm Beach. C'est là que vient d'avoir lieu la vente aux enchères de la première Murena jamais produite.
(L'essentiel)