MobilitéUn Uber luxembourgeois pour révolutionner les taxis
LUXEMBOURG – Une révolution du secteur des taxis est en route, avec une plateforme digitale unique, régulée par l'État.
- par
- Nicolas Martin

Fini les licences de taxis ou la location de véhicule avec chauffeur, le Luxembourg veut changer de modèle. Le ministre de la Mobilité François Bausch entend «libérer les licences» et créer une plateforme unique, où n'importe quel chauffeur pourrait proposer ses services. Sans limite de nombre.
Critique envers le système actuel de licences par zone jugé «absurde vu la taille du pays», et fâché de voir trop de taxis se focaliser sur l'aéroport pour s'assurer des courses à 100-150 euros, plutôt que d'en faire six à 20 euros», François Bausch veut dynamiser le marché. S'appuyant sur une étude menée en collaboration avec EY, il veut lancer un Uber à la luxembourgeoise. «L’idée est de digitaliser le secteur des taxis», détaille-t-il. Car s'il loue l'efficacité de la plateforme d'Uber, François Bausch évoque aussi la «situation chaotique dans les pays où il est installé sur le plan social, fiscal et de sécurité sociale».
«Chauffeurs artificiellement indépendants»
D'où l'idée que l’État luxembourgeois investisse dans une plateforme digitale efficace, avec la même qualité qu’Uber mais pas les désavantages. Notamment pour les prestataires qui n'auraient pas à verser 25 à 30% du montant de la course à la firme américaine. «Cela favorise le travail au noir, avec des chauffeurs indépendants mais artificiellement», assure le vice-premier ministre. Dans son concept, la plateforme serait gérée par un exploitant, via une adjudication publique, mais elle serait soumise à un cahier des charges strict défini par l'État.
«Il ne s'agit pas de gagner de l'argent avec la plateforme», note François Bausch. L'outil pourra tenir compte dans les tarifs, via des algorithmes, du trafic, des bouchons et réunirait toutes les offres disponibles. Une concurrence amenée «à faire baisser les tarifs et augmenter la qualité pour le client», assure le ministre. Et faire évoluer le secteur aussi, sans doute, alors qu'aujourd'hui près d'une société de taxis sur deux ne compte qu'une, voire deux ou trois voitures».
«On va vers de plus en plus de taxis électriques»
La plateforme est en cours de réalisation et si des amendements législatifs seront nécessaires, François Bausch aimerait la voir entérinée avant la fin de la législature et fonctionnelle fin 2023, début 2024. Le ministre a prévu rencontrer en juillet la Fédération des taxis pour présenter les conclusions de l’étude et ses propositions.
La réforme prévoit aussi une décarbonation de la profession. «On va vers de plus en plus de taxis électriques», note le ministre. Pour relever le défi, le ministère est en quête d'un site dans la capitale pour créer un chargeur rapide pour les taxis, l'unique existant actuellement au Kirchberg étant très utilisé, notamment par les taxis.