Après le drame d'OrlandoUne Gay Pride parisienne très sécurisée
De nombreux policiers en arme scrutent attentivement le passage des chars arc-en-ciel: la «Marche des fiertés» LGBT, massive, s'est déroulée samedi à Paris sous haute sécurité.

Costumed participants from the association for gay police and gendarmes (FLAG) pose for photographs during the "Gay Pride" parade in Paris on July 2, 2016. / AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT
Fouille des sacs des participants, rues perpendiculaires fermées sur tout le parcours, forces de l'ordre très visibles... les mesures prises pour rassurer les participants ont visiblement porté leurs fruits. La mobilisation est impressionnante. A 15h des dizaines de milliers de personnes s'élancent des bords de Seine, à côté du Louvre, dans un cortège interminable, pour rejoindre la place de la Bastille. De la foule souriante se dégagent quelques drag queens, une poignée d'hommes vêtus de mini-shorts, ou encore une nonne au visage orné de piercings, portant un pantalon en plumes roses.
Trois semaines après l'attaque d'Orlando, revendiquée par l'organisation État islamique, qui a fait 49 morts le 12 juin, «marcher est un acte de résistance», affirme Amandine Miguel, une porte-parole de l'association Inter-LGBT, organisatrice de la marche. «Nous ne devons pas céder à la peur. Nous avons plus que jamais besoin de réaffirmer notre visibilité et notre fierté dans les rues», poursuit-elle, sous les vivats de la foule. «Fiers d'être gouines, pédés, trans, bi(e)s, séropos ou séronegs (...) la tête haute, nous allons rejoindre la Bastille pour nos droits, nos libertés, notre santé, pour nous, nos amantes et nos amants, nos familles, nos enfants», lance Camille Spire. Et cette présidente pour l'Ile-de-France de l'ONG Aides, qui lutte contre le sida, de rappeler la «gravité» du moment. «Nous marchons en mémoire de nos sœurs et nos frères assassinés» en Floride.
«Nous sommes plus forts que la haine»
Plusieurs personnalités politiques ont pris part à l'événement, comme la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, le député socialiste, Benoît Hamon, la députée EELV, Cécile Duflot, la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo et le candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon. «Après Orlando, plus que jamais réaffirmer les valeurs républicaines d'égalité, de tolérance et de respect», a de son côté tweeté le Premier ministre Manuel Valls. Sur la place de la Bastille dans la soirée, la foule a respecté une minute de silence en mémoire des victimes d'Orlando après avoir acclamé une représentante de l'ambassade américaine, Uzra Zeya, qui a lancé un sonore «Nous sommes plus forts que la haine».
Tout au long de l'après-midi dans le cortège, l'ambiance a toutefois été résolument festive. Des centaines de jeunes sautent et dansent à l'unisson sur la musique techno que mixe l'un des DJs perchés sur un char. À l'arrière de la remorque se lit le slogan de l'événement: «Les droits des personnes trans sont une urgence». «Pour la première fois, la Marche des fiertés défile derrière un mot d'ordre qui défend les revendications trans», et dénonce les «stérilisations forcées», les «agressions» et la «précarité» qu'ils subissent, se réjouit Soo Hee Yoon, présidente de l'association Acthé, qualifiant la journée d'«historique». Un amendement voté adopté en mai par l'Assemblée nationale sur la changement d'état-civil pour les trans a provoqué la colère des organisations LGBT, qui ont exigé son retrait «pur et simple» car il «humilie» les requérants en les «contraignant à subir des traitements médicaux». Après avoir reçu trois d'entre elles vendredi, le président Hollande a annoncé que ce texte serait «encore amélioré».
(L'essentiel/AFP)