En FranceUne humoriste refuse d'être décorée par Macron
Blanche Gardin ne veut pas être nommée à l'ordre des Arts et des Lettres. Elle s'est expliquée dans une lettre ouverte au président français, sur Facebook.

L'humoriste et comédienne de 42 ans veut rester fidèle à ses convictions.
Blanche Gardin refuse d'être nommée à l'ordre des Arts et des Lettres, dans une lettre adressée mercredi à Emmanuel Macron, où elle explique ne pas vouloir être honorée par un gouvernement qui ne tient pas ses promesses vis-à-vis des SDF. «Je suis flattée. Merci. Mais je ne pourrai accepter une récompense que sous un gouvernement qui tient ses promesses et qui met tout en œuvre pour sortir les personnes sans domicile de la rue», écrit l'humoriste française, dans ce courrier destiné au président de la République, qu'elle publie sur son compte Facebook.
Blanche Gardin rappelle dans sa lettre que que M. Macron avait déclaré en juillet 2017: «La première bataille c'est de loger tout le monde dignement». Il avait ajouté: «Je ne veux plus, d'ici la fin de l'année, avoir des hommes et des femmes dans la rue, dans les bois ou perdus». L'humoriste fustige certaines «mesures qui allaient provoquer l'effet inverse». «Simultanément vous avez baissé durement les APL qui aident les plus pauvres à se loger, vous avez réduit les budgets des centres d'hébergement d'insertion pour les sans domicile, vous avez coupé une part importante des moyens dédiés à la construction de logements sociaux, coupé drastiquement dans les emplois aidés, supprimé l'ISF, ce qui a eu, entre autres conséquences, de faire chuter les dons aux associations qui luttent en faveur des plus démunis», énumère-t-elle.
Son refus a été entendu
Blanche Gardin a joué son dernier spectacle «Bonne nuit Blanche» dimanche 31 mars 2019, sur la scène du Zénith à Paris. Une soirée dont elle a reversé les bénéfices à la Fondation Abbé-Pierre et à l'association les Enfants du Canal. «Vous comprendrez qu'il y aurait quelque chose d'illogique d'accepter votre proposition», argue-t-elle en conclusion, non sans avoir rappelé au préalable au président que «des solutions existent». Le nombre de personnes sans domicile en France était estimé à 143 000 en 2012 par l'Insee, le nombre de sans-abri à 12 700. Selon le Collectif des morts de la rue, 566 sans-abri sont décédés en France en 2018, dont treize mineurs.
Le ministre du Logement, Julien Denormandie, lui a répondu dans la foulée sur Twitter, chiffres à l'appui. «En tant que ministre du Logement, je lutte sans relâche, à tous les instants, contre l'exclusion sous toutes ses formes, contre ces phénomènes de misère, indique-t-il. Vous déclarez que rien ne serait fait pour l'hébergement d'urgence depuis deux ans (...). Depuis mai 2017, nous avons ouvert et pérennisé 14 000 nouvelles places d'hébergement d'urgence. (...) Cet effort doit être poursuivi (...). Il ne s'agit pas que d'ouvrir des places. Il s'agit surtout de mieux accompagner les personnes en détresse et d'aller à leur contact. C'est le travail formidable effectué par les maraudes que nous avons renforcées en 2019 avec 5 millions d'euros supplémentaires». Le politicien a tenu à rassurer la comédienne: «Soyez assurée que la détermination de l'État est totale avec un budget en hausse de 15% en deux ans». Reste à savoir si Blanche reviendra sur sa décision...
(L'essentiel/afp/jla)