Polémique au JaponUne ministre s'offrirait indûment des cosmétiques
La nouvelle ministre japonaise de l'Économie est sur la sellette. Un journal accuse Yuko Obuchi d'avoir dépensé des financements politiques pour des achats personnels, notamment des produits de maquillage.

«Je crois que ces dépenses étaient nécessaires à mes activités politiques», a justifié la ministre. (photo: AFP)
Yuko Obuchi a été nommée ministre de l'Économie, début septembre, par le Premier ministre Shinzo Abe. Selon le quotidien de centre-gauche Mainichi Shimbun, elle aurait -entre 2007 et 2012 - dépensé plus de 10 millions de yens (environ 74 000 euros) sans aucun rapport avec ses activités politiques, notamment des produits de beauté dans des grands magasins. L'organisme chargé de lever des fonds pour elle aurait également dépensé 3,62 millions de yens dans une boutique appartenant au mari de sa sœur. Le journal affirme se baser sur des factures qu'il dit détenir.
Selon d'autres médias, des partisans de Mme Obuchi se seraient vu offrir des places de théâtre également sur de l'argent collecté à des fins politiques, pour un coût total de 26 millions de yens (190 000 euros). Mme Obuchi, 40 ans, est mère de deux enfants. Elle a dû s'expliquer jeudi devant une commission parlementaire. Elle a déclaré ne pas être impliquée à titre personnel dans ces dépenses. «Je crois que ces dépenses étaient nécessaires à mes activités politiques», a-t-elle ajouté, tout en précisant qu'elle allait tout de même enquêter sur ces places de théâtre. Yuko Obuchi est la fille d'un ancien Premier ministre. Politiquement, elle a les reins solides et ne devrait pas trop pâtir de cette affaire, pronostiquent la plupart des analystes.
Loi critiquée
Au Japon, la loi sur le financement politique, souvent critiquée pour ses failles, autorise les entreprises nippones qui dégagent des bénéfices et ne reçoivent pas de subsides de l’État à faire des dons. Elles peuvent le faire mais seulement à des partis et pas directement à des élus. Une restriction récente puisqu'elle ne date que de 1995, après maintes affaires de soupçons de corruption.
Pendant des décennies, la principale organisation patronale du pays, le Keidanren, a récolté des milliards de yens (dizaines de millions de francs) par an pour le Parti Libéral-Démocrate (PLD). Cette formation de droite omnipotente règne sur la vie politique du pays depuis 60 ans, pratiquement sans interruption.
Lors du dernier remaniement ministériel, début septembre, M. Abe avait choisi Mme Obuchi ainsi que quatre autres femmes à des postes de responsabilité. Il voulait marquer son intention de promouvoir le rôle des femmes au Japon, une société encore très machiste.
(L'essentiel / ats)