Au Luxembourg – Vers une guerre syndicale dans le secteur financier?

Publié

Au LuxembourgVers une guerre syndicale dans le secteur financier?

LUXEMBOURG - Fâchés contre l'Aleba, l'OGBL et le LCGB reprochent au syndicat d'avoir fait cavalier seul sur les conventions collectives du secteur financier. L'Aleba s'en défend.

Le LCGB de Gabriel Di Letizia et l'OGBL de Véronique Eischen sont très remontés contre l'Aleba.

Le LCGB de Gabriel Di Letizia et l'OGBL de Véronique Eischen sont très remontés contre l'Aleba.

Julien Garroy

«L'Aleba, c'est l'idiot utile de l'ABBL et de l'ACA». Remontée, Véronique Eischen, du syndicat OGBL, a sonné la charge, au côté du LCGB, contre l'Aleba, jeudi. Au cœur de la colère des deux syndicats nationaux: leur homologue sectoriel, l'Aleba, a signé un accord de principe sur les nouvelles conventions collectives du secteur financier avec les associations patronales ABBL et ACA. «On ne nous a jamais fait ce coup-là, c'est incompréhensible», tempête Véronique Eischen.

D'autant que le LCGB et l'OGBL estiment que l'Aleba n'a pas de légitimité pour signer une convention collective, n'ayant plus qu'une majorité relative dans le secteur. Aux dernières élections sociales, l'Aleba a en effet récolté 49,22% des voix, devançant tout de même largement l'OGBL (31,58%) et le LCGB (19,2%). Ensemble, ces deux derniers font donc un tout petit peu plus de la moitié des voix.

Autre grief: les conventions à venir pour la période 2021-2023 sont, selon l'OGBL et le LCGB, largement insuffisantes. «Les seuls gagnants, ce sont l'ABBL et l'ACA, les perdants, ce sont les salariés», proteste Véronique Eischen. Les nouvelles conventions seraient «un copier collé de ce qui existe déjà». «Nous avons un catalogue de revendications», martèle Véronique Eischen, qui évoque notamment des revalorisations salariales, le droit à la déconnexion, la formation continue ou encore le télétravail, qui «mérite une annexe à la convention».

«Pas le moment d'embraser le secteur»

À l'Aleba, on affirme «ne pas avoir fait cavalier seul. On a invité deux fois l'OGBL et le LCGB à discuter, ils n'ont même pas répondu». Contacté par L'essentiel, Laurent Mertz, secrétaire général de l'Aleba, rappelle que son syndicat «a la représentativité sectorielle. Nous avons donc le droit de prendre des initiatives et de discuter avec la patronat. Ce n'est pas parce qu'une idée ne vient pas de l'OGBL qu'elle n'est pas bonne. Nous avons simplement signé un accord de principe, pas les conventions collectives», précise-t-il. Il rappelle également que, «dans une situation socio-économique très compliquée, nous serions d'accord pour prolonger des conventions que les trois syndicats avaient signées».

Laurent Mertz voit dans l'attitude de l'OGBL et du LCGB, qui veulent demander au ministre du travail de retirer la représentativité à l'Aleba, «une manœuvre politique et de l'opportunisme. C'est malvenu de le faire maintenant. Après les élections sociales, ils n'avaient rien dit. Provoquer un embrasement dans le secteur n'est pas dans l'intérêt des salariés». Le responsable syndical défend en outre le texte des conventions collectives, qui seraient prolongées avec quelques éventuelles améliorations de points ponctuels. «Il n'existe pas un secteur qui a un contrat collectif comme celui qu'on a. C'est compliqué d'aller au-delà». Pour la suite des événements, des négociations doivent à présent se dérouler. Reste à savoir comment elles vont se passer après le coup de pression de ce jeudi...

(jw/L'essentiel)

Ton opinion