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Face au coronavirusVoici celle qui dirige l'essai clinique européen

EUROPE/LUXEMBOURG - Loin du buzz, Florence Ader pilote à Lyon un essai clinique sur 3 200 patients visant à trouver un traitement contre le coronavirus.

La professeure Florence Ader pilote le projet Discovery à l'hôpital de la Croix Rousse de Lyon.

La professeure Florence Ader pilote le projet Discovery à l'hôpital de la Croix Rousse de Lyon.

DR/AFP

Des yeux bleus derrière des lunettes rondes, la professeure Florence Ader répond aux questions de l'AFP depuis l'hôpital de la Croix-Rousse des Hospices Civils de Lyon (HCL), «son élément». Elle est depuis un mois au cœur d'un «projet fou», loin de son quotidien habituel d'infectiologue-pneumologue. D'emblée, elle balaie les questions polémiques autour de l'efficacité supposée de la chloroquine vantée par le Pr Didier Raoult. «Il faut s'extraire du buzz et privilégier les démarches de recherche médicale», coupe celle qui est une des rares femmes présentes dans le débat médical actuel et choisit la discrétion face à certains de ses tonitruants confrères.

Elle préfère donc parler de la «prouesse» que le service public français a, selon elle, réussi à mettre en place avec Discovery, un essai clinique coordonné par l'Inserm qui doit tester quatre traitements, dont l'hydroxychloroquine, sur 3 200 patients en Europe, dont au moins 800 en France et certains au Luxembourg. Uniquement des patients hospitalisés et gravement atteints.

«Vraiment porteur d'espoir»

«C'est l'une des grandes leçons de la crise d'Ebola de 2014. Le seul et unique essai randomisé avait été mis en place trop tard, avec seulement 72 patients». Aujourd'hui, «pouvoir monter en temps réel un essai clinique de ce type est vraiment porteur d'espoir». Discovery a commencé depuis une semaine. Chaque participant se voit allouer l'un des quatre traitements testés ou des soins standard, de manière aléatoire, après une randomisation numérique.

Sont testés: le remdesivir (antiviral conçu initialement pour Ebola), le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (des anti-VIH), la même combinaison mais associée à l'interféron bêta pour tenter de baisser le processus inflammatoire et l'hydroxychloroquine (cousin de la chloroquine, mais présentant moins de risque de toxicité, cet anti-paludéen a l'avantage d'être connu et bon marché).

Premières évaluations après 15 jours

«Plus les résultats seront significatifs et méthodologiquement robustes, plus le niveau de preuves sera élevé et plus on rendra service aux gens», assume Florence Ader. Même s'il est lourd, elle assure que cet essai est mené avec toute la rapidité et l'adaptabilité nécessaires au contexte. La Pr Ader est entourée d'une vingtaine de personnes qui travaillent d'arrache-pied. D'abord une cheffe de projet qui gère la très lourde logistique depuis un centre dans le sud: quel traitement? Envoyé à quel patient? Dans quelle ville? Et quand?

Sur le terrain, des centaines de techniciens, d'attachés de recherche, de médecins d'essai clinique collectent les données. Et charge à l'équipe de méthodologie de l'Inserm de les exploiter. Les premières évaluations de patients vont commencer après 15 jours de traitement, dans une semaine environ. On pourra notamment estimer si leur état clinique s'est amélioré, s'ils ont toléré le traitement.

(L'essentiel/afp)

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