«Wonder Wheel»Woody Allen explore le New York des années 30
Après plusieurs détours, le réalisateur américain revient dans sa ville d'origine pour son nouveau film, un drame amoureux sur fond de fête foraine à Coney Island.

Pour son 47e long métrage, le réalisateur de 82 ans revient à Coney Island, la plus célèbre plage de la ville où se déroulait la scène d'ouverture d'«Annie Hall», peu après la Seconde guerre mondiale. Woody Allen s'est fait très discret pendant la promotion de son film, sorti début décembre aux États-Unis. Sa fille adoptive Dylan Farrow a renouvelé les accusations d'abus sexuels à son égard, accordant pour la première fois une interview télévisée sur le sujet, accusations que le cinéaste a démenties.
La controverse a poussé récemment plusieurs figures du cinéma à dire qu'elles regrettaient d'avoir travaillé avec le cinéaste, alors que le mouvement anti-harcèlement #Metoo, né début octobre des révélations d'abus sexuels commis pendant des années par le tout-puissant producteur de cinéma Harvey Weinstein, continue de balayer Hollywood.
Rêves d'actrice
Dans «Wonder Wheel», Woody Allen s'offre une nouvelle plongée nostalgique dans la période des années 30 à 50, qui ont servi de décors à tant de ses films. La fête foraine installée à l'année à deux pas de l'océan complète le décor, qui a d'ailleurs assez peu changé depuis cette époque. Au centre de cette intrigue à quatre personnages principaux, qui a souvent des airs de théâtre filmé, Ginny, une mère de famille quadragénaire incarnée par Kate Winslet, pour qui Woody Allen a écrit le rôle.
Serveuse dans un «diner», établissement de restauration rapide typique des États-Unis des années 40 et 50, Ginny n'a pas renoncé à ses rêves d'actrice, qu'elle fut jadis dans de modestes productions. Passe par là la jeunesse de Mickey (Justin Timberlake), maître-nageur sauveteur qui la séduit sans difficulté, grâce à son physique avantageux mais surtout à ses aspirations artistiques.
Une photographie éblouissante
Sa belle-fille, Carolina (Juno Temple), adulée par son mari Humpty (Jim Belushi), va bousculer, involontairement, ses dernières illusions et la faire basculer dans le drame. Ce portrait de femme abîmée par ses propres erreurs, qui se débat vainement pour s'extraire de sa condition, est joué avec inspiration par Kate Winslet, dont c'est la première collaboration avec Woody Allen.
Son intensité dans la peau de Ginny tient le film, qui souffre parfois d'un manque de rythme et peine à retranscrire l'urgence dans laquelle se trouvent théoriquement les personnages. De structure très académique, ce long métrage vaut aussi pour sa forme, servie par la photographie éblouissante de Vittorio Storaro («Apocalypse Now», «1900» ou «Dernier Tango à Paris»).
(L'essentiel/afp)